"Le ministre s'en va : il s'est investi sur le dossier agricole, est allé beaucoup sur le terrain, et s'est beaucoup battu sur le dossier international", mais "plus que sur les dossiers purement français", a estimé lundi 29 novembre, Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles).
Mais, le ministère de l'Agriculture est un ministère "difficile, surtout lorsque les crises se succèdent comme cela a été le cas depuis deux trois ans", a-t-il déclaré à l'AFP citant les crises viticole, laitière, porcine, la canicule et la sécheresse.
A son arrivée en mai 2002 au ministère de l'Agriculture, plusieurs dossiers lourds attendaient Hervé Gaymard, à commencer par le grand sujet européen, celui de la réforme de la politique agricole commune (Pac).
Particulièrement délicat, ce dossier a finalement aboutit en juin 2003 à un accord entre les Quinze, mais après d'âpres discussions.
"Le 26 juin 2003 n'a pas été pour les Jeunes Agriculteurs un virage mais une fracture", a déclaré à l'AFP Bernard Layre, président de ce syndicat. "Le découplage des aides, on le combattait, on l'a eu", a-t-il dit dénonçant "un manque de précision dans le travail et de respect des engagements".
"Après avoir signé une réforme aussi mauvaise que celle de Luxembourg, on estimait qu'un mécanisme de gestion de crise aurait été le minimum pour sauver les filières françaises lorsqu'elles sont dans des situations délicates voire catastrophiques", a-t-il déploré.
Hervé Gaymard a "pris conscience du manque de mécanisme de gestion de crise mais il aurait fallu qu'il l'obtienne auparavant", regrette Jean-Michel Lemétayer.
Les Jeunes Agriculteurs se disent plutôt "découragés sur les divers dossiers, hormis sur celui de l'installation des agriculteurs". Sur les crises conjoncturelles, Hervé Gaymard a été plutôt "adroit" mais on ne trouve aujourd'hui "aucune application concrète pour sauver les exploitations", a lancé Bernard Layre.
Dans le secteur des fruits et légumes, "des centaines d'exploitations déposent aujourd'hui le bilan", a-t-il indiqué estimant que le dossier aurait dû être traité "avec rapidité, sérénité et efficacité. On n'a pas senti un véritable soutien des pouvoirs publics", a-t-il lâché.
La Confédération Paysanne fustige un bilan franchement "négatif du nouveau ministre de l'Economie, à commencer par "sa conception curieuse de la reconnaissance du pluralisme agricole en France", ironise Jean-Emile Sanchez, porte-parole du syndicat agricole.
"Nous avons sollicité un entretien avec le ministre voilà deux mois : à ce jour nous n'avons toujours pas été reçus", a-t-il dit.
Alors que "de plus en plus de productions se retrouvent en crise(...), la seule réponse que M. Gaymard a été capable de donner aux paysans, ce sont des plans de cessation d'activité en leur disant : Vous devez quitter dignement le métier", déplore Jean-Emile Sanchez.
Hervé Gaymard a été "incapable, pour des choix politiques, de répondre aux attentes des paysans" pour "leur assurer un présent mais aussi un avenir", a-t-il affirmé.
Il laisse à son successeur Dominique Bussereau les délicats dossiers de la viticulture, des fruits et légumes, des pratiques commerciales entre la production et la grande distribution, et la mise en oeuvre de la réforme de la Pac.
Reste enfin à préparer la nouvelle loi de modernisation agricole qui doit entrer en vigueur en 2006 et devrait permettre de tracer le cap des 15 prochaines années pour l'agriculture française. |